🌅 L’Aube du Jeu

27 cartes – 6 cercles – une veille intĂ©rieure


Ce n’est pas un livre.
Ce n’est pas un oracle.
C’est un feu autour duquel on a parlĂ©, doutĂ©, et parfois
 juste respirĂ©.

✩ PrĂ©sentation

L’Aube du Jeu est le fruit d’un parcours sensible, critique et symbolique autour du Tarot des 27 Silences, un jeu de cartes nĂ© pour libĂ©rer, et non pour guider.
Il ne prédit rien. Il ne prétend pas savoir.
Il propose une conversation : avec soi-mĂȘme, avec les autres, avec le doute — et avec ce qu’il reste parfois de foi, mĂȘme aprĂšs le doute.

En six volumes, ce travail suit un mouvement nocturne.
Chaque cercle réunit cinq figures, cartes et récits.
Le sixiùme cercle, le dernier, se tient à l’aube. Il ne cherche plus. Il s’incline.


✩ Structure

Chaque volume contient des dialogues fictifs entre Prem Pragyan et des penseurs, des figures inspirantes, ou des présences symboliques.
Chaque scĂšne est accompagnĂ©e d’une version en FALC soutenu pour garantir une lecture plus accessible.


✩ Pourquoi ce titre ?

L’Aube du Jeu, c’est ce moment rare oĂč la critique a Ă©tĂ© faite, le symbole dĂ©construit, le feu regardé 
Et oĂč l’on peut reposer le jeu, rester vivant, et continuer.

Ce n’est pas une fin.
C’est un retour à la vie nue, sans carte à tirer.
Et dans ce rien
 quelque chose brille encore.


Les Entretiens de la Flamme – Volume 1

Douter, Croire, Transmettre

« Ne cherche pas la vĂ©ritĂ© ailleurs qu’en toi, mais n’oublie jamais de la remettre en question. »
— Maxime du feu intĂ©rieur
Un feu dans la nuit. Une main qui tire une carte. Un silence qui appelle un nom.
Ce n’est pas un jeu de rĂ©ponses. C’est un cercle d’écoute.

Présentation du volume

Dans ce premier recueil du Tarot des 27 Silences, Prem Pragyan invite cinq penseurs majeurs Ă  converser autour d’un feu symbolique. Chaque Ă©change est dĂ©clenchĂ© par une carte tirĂ©e du jeu. Ces entretiens sont des dialogues vivants, inspirĂ©s de la tradition socratique, entre doute radical, Ă©coute du corps, langage du silence, Ă©thique de l’altĂ©ritĂ© et pĂ©dagogie de l’émancipation.

Les philosophes choisis incarnent chacun une posture essentielle pour comprendre le monde et se comprendre soi-mĂȘme :

Chaque scĂšne suit le mĂȘme rituel : une arrivĂ©e, une carte, un Ă©change, une brĂšche. Le langage est sobre, symbolique, poĂ©tique. Les pictogrammes accompagnent chaque philosophe pour rendre la lecture plus fluide et intuitive.

Ce volume est une offrande : Ă  celles et ceux qui doutent avec confiance, transmettent avec prudence, et avancent dans l’inconnu avec une lampe intĂ©rieure.


✹ RENÉ DESCARTES (1596–1650)

Philosophe du doute mĂ©thodique – Rationaliste moderne
Il a appris à penser en doutant. Mais il cherchait la vérité, pas le doute pour le doute.

✹ PREM PRAGYAN : MaĂźtre Descartes, vous avez appris Ă  l’Europe Ă  douter. Mais dans ce jeu, le doute semble se retourner contre lui-mĂȘme.
📐 DESCARTES : Un doute sans mĂ©thode est une errance. Mon doute Ă©tait pour fonder la certitude, pas pour s’y perdre.
✹ PREM PRAGYAN : Pourtant, combien s’y noient ?
📐 DESCARTES : Le doute est un feu purificateur. Mais il faut savoir quand l’éteindre.

◇ Carte tirĂ©e : Le doute du doute.

✹ PREM PRAGYAN : Peut-on douter du doute sans s’effondrer ?
📐 DESCARTES : Tant que tu cherches la vĂ©ritĂ©, le doute est un passage, pas une demeure.

🌟 LUDWIG WITTGENSTEIN (1889–1951)

Philosophe du langage et du silence – Mystique analytique
Il pense que certaines choses sont trop profondes pour ĂȘtre dites. Le silence peut contenir plus que les mots.

✹ PREM PRAGYAN : Ce jeu ne donne pas de rĂ©ponses. Il fait taire.
🕯 WITTGENSTEIN : Ce que l’on ne peut dire, il faut le taire.
✹ PREM PRAGYAN : Et si ce silence Ă©tait un message ?
🕯 WITTGENSTEIN : Un langage plus ancien que les mots.

◇ Carte tirĂ©e : Le feu sans forme.

✹ PREM PRAGYAN : Une carte blanche. Est-ce un vide ou une offrande ?
🕯 WITTGENSTEIN : C’est un seuil. Une invitation à ne plus chercher à tout nommer.

🔍 MAURICE MERLEAU-PONTY (1908–1961)

PhĂ©nomĂ©nologue du corps vivant – Philosophe de la perception
Il dit que le corps ressent les choses avant mĂȘme qu’on les comprenne. Le ressenti, c’est dĂ©jĂ  penser.

✹ PREM PRAGYAN : Une carte me fait frissonner. Est-ce le corps ou l’esprit qui rĂ©agit ?
đŸ«€ MERLEAU-PONTY : Le sens naĂźt de la perception. Le monde se pense en toi.
✹ PREM PRAGYAN : Et si je me trompe sur ce que je ressens ?
đŸ«€ MERLEAU-PONTY : Le corps ne ment pas. Mais il parle en mĂ©taphores.

◇ Carte tirĂ©e : Le corps dit toujours vrai.

✹ PREM PRAGYAN : Vraiment ? Toujours ?
đŸ«€ MERLEAU-PONTY : C’est une clef, pas une loi.

🔗 JACQUES RANCIÈRE (nĂ© en 1940)

Philosophe de l'Ă©mancipation – PĂ©dagogue de la pensĂ©e libre
Il pense que tout le monde peut penser. Le vrai enseignant aide l’autre Ă  s’émanciper, pas Ă  obĂ©ir.

✹ PREM PRAGYAN : Peut-on transmettre sans imposer ?
🔗 RANCIÈRE : Transmettre, c’est activer l’intelligence, pas la remplir.
✹ PREM PRAGYAN : Et si on me croit plus qu’on ne s’écoute soi ?
🔗 RANCIÈRE : Alors tu es devenu un obstacle. Pas un enseignant.

◇ Carte tirĂ©e : Le gentil gourou.

✹ PREM PRAGYAN : Peut-on Ă©viter ce piĂšge ?
🔗 RANCIÈRE : En refusant d’ĂȘtre crĂ©dible. Et en prĂ©fĂ©rant ĂȘtre lisible.

🔼 EMMANUEL LEVINAS (1906–1995)

Philosophe de l’Autre – Éthique du visage et du mystùre
Il pense que respecter l’Autre, mĂȘme sans le comprendre, est la base de l’éthique.

✹ PREM PRAGYAN : Ce Tarot m’interroge. Que faire quand je ne comprends pas ce qu’il me montre ?
đŸȘ¶ LEVINAS : Tu es en prĂ©sence. Pas en analyse.
✹ PREM PRAGYAN : Alors ce silence est un lien ?
đŸȘ¶ LEVINAS : C’est une promesse. L’Autre commence lĂ  oĂč tu ne le rĂ©duis pas Ă  toi.

◇ Carte tirĂ©e : Le souffle du flou.

✹ PREM PRAGYAN : Une carte sans contours. Est-ce une perte ou une ouverture ?
đŸȘ¶ LEVINAS : C’est lĂ  que commence l’éthique. Quand tu cesses de tout comprendre.

⟁ En ouverture du Volume 2 : Imaginer, Éduquer, RĂ©sister

Dans ce second cercle, d'autres penseurs s’invitent au feu. Pourquoi eux ? Parce qu’ils Ă©clairent les marges. Parce qu’ils ont parlĂ© des rĂȘves, des oppressions, des rĂ©cits oubliĂ©s. Parce qu’ils ont ouvert des brĂšches dans le savoir, et que ces brĂšches sont fĂ©condes.

Ils viennent parler non pas de ce qu’il faut croire, mais de ce qu’il faut interroger :

Un nouveau volume s’ouvre. D’autres cartes attendent. Le silence est prĂȘt.

Les Entretiens de la Flamme – Volume 2

Imaginer, Éduquer, RĂ©sister

Le feu n’a pas disparu. Il a changĂ© d’intensitĂ©. La nuit a changĂ© de visage.
D’autres voix approchent. Moins rassurantes, plus engagĂ©es. Elles parlent d’invisible, de savoirs oubliĂ©s, de murs Ă  franchir.
Chaque carte du Tarot devient ici une fissure. Et chaque fissure, une lumiĂšre.

📚 PAULO FREIRE (1921–1997)

PĂ©dagogue brĂ©silien de la libĂ©ration – Philosophe de l’éducation populaire
Il pense que l’éducation doit libĂ©rer les consciences, pas les remplir. Chaque ĂȘtre humain peut devenir sujet de son histoire.

Le feu a changĂ© de souffle. Il crĂ©pite doucement, comme un vieux conteur. Freire s’avance sans bruit, sans dĂ©cor. Il s’assied les paumes ouvertes. Il attend que la parole naisse.

✹ PREM PRAGYAN : On me demande souvent quelle est ma mission. Comme si j’en avais une. Unique. Cosmique. PrĂ©vue.
📚 FREIRE : La mission, c’est ce que d’autres te donnent. La vocation, c’est ce que tu construis avec les autres.
✹ PREM PRAGYAN : Et si je ne sais pas quoi faire de ma vie ?
📚 FREIRE : Alors c’est un beau dĂ©but. Ne cherche pas le sens seul. Dialogue avec le monde. Laisse-le t’interpeller.

◇ Carte tirĂ©e : « La mission de vie »

Croyance : “Je dois dĂ©couvrir ma mission pour me sentir aligné·e.”
✹ PREM PRAGYAN : Cette carte me trouble. Et si je n’ai pas de mission ?
📚 FREIRE : Alors tu es libre. Tu peux dĂ©sobĂ©ir Ă  ton destin. Tu peux Ă©crire un autre rĂ©cit, avec les tiens.
✹ PREM PRAGYAN : MĂȘme si je suis perdu ?
📚 FREIRE : Tu es juste vivant. L’éducation n’est pas lĂ  pour te dire quoi faire. Elle est lĂ  pour t’aider Ă  choisir avec les autres, pas contre toi-mĂȘme.

Le feu Ă©coute. Il approuve. Freire se lĂšve lentement. Il n’a rien imposĂ©. Il a ouvert un espace. Un souffle de conscience reste dans l’air. Comme une mission
 sans mission.

Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « La mission de vie »
Personne : Paulo Freire

Prem Pragyan : On me dit que j’ai une mission. Que je dois faire quelque chose de trùs important dans la vie. Mais je ne sais pas quoi.
Freire : Tu n’as pas besoin d’avoir une mission magique. Ce qui compte, c’est ce que tu construis avec les autres.
Prem Pragyan : Et si je suis perdu ?
Freire : Tu n’es pas perdu. Tu es en train de chercher. Tu peux crĂ©er ton propre chemin.

Message de la carte :
Tu n’as pas besoin de connaütre ta mission pour vivre. Tu peux choisir, essayer, changer. Et c’est trùs bien comme ça.


✏ GASTON BACHELARD (1884–1962)

Philosophe de l’imaginaire et des Ă©lĂ©ments – PoĂšte des sciences
Il pense que rĂȘver, c’est dĂ©jĂ  comprendre. L’imagination nous relie au monde autant que la raison.

Le feu s’élargit. Il danse plus qu’il ne chauffe. Une silhouette surgit comme dans un rĂȘve. Bachelard ne s’assied pas tout de suite. Il contemple la flamme, comme on regarde un mot qui hĂ©site.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte me trouble. Elle me dit que l’univers veut ce que je veux. Que mes dĂ©sirs sont des signes.
✏ BACHELARD : L’univers n’est pas un miroir. Mais il est une matiĂšre Ă  rĂȘve. Ce que tu veux, ce que tu espĂšres, crĂ©e un monde. Imaginer, c’est dĂ©jĂ  faire danser le rĂ©el.
✹ PREM PRAGYAN : Alors, si mes dĂ©sirs ne se rĂ©alisent pas ?
✏ BACHELARD : Ils deviennent poĂ©sie. Une matiĂšre intĂ©rieure. Tu ne les perds pas. Tu les transfigures.

◇ Carte tirĂ©e : « L’univers veut ce que je veux »

Croyance : “Si je dĂ©sire trĂšs fort, l’univers me rĂ©pond.”
✹ PREM PRAGYAN : Alors... est-ce que c’est vrai ? L’univers m’écoute ?
✏ BACHELARD : Il t’écoute comme un feu Ă©coute un poĂšme. Il ne rĂ©pond pas avec des faits, mais avec des images. Et parfois, c’est encore plus beau.
✹ PREM PRAGYAN : Donc ce n’est pas faux. C’est... autre.
✏ BACHELARD : C’est un rĂȘve vrai. Un rĂȘve qui ne ment pas, mĂȘme s’il ne promet rien.

Le feu crĂ©pite doucement. Bachelard ne parle plus. Il respire avec la flamme. Comme si le feu lui-mĂȘme rĂȘvait Ă  voix haute.

Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « L’univers veut ce que je veux »
Personne : Gaston Bachelard

Prem Pragyan : J’ai tirĂ© une carte qui dit que l’univers veut ce que je veux. Est-ce que c’est vrai ?
Bachelard : Ce n’est peut-ĂȘtre pas vrai comme une rĂšgle. Mais c’est vrai dans ton cƓur. RĂȘver, c’est une façon de transformer la vie.
Prem Pragyan : Et si mon rĂȘve ne devient pas vrai ?
Bachelard : Il peut devenir un poĂšme, une idĂ©e, une force douce. Ce n’est pas perdu. C’est transformĂ©.

Message de la carte :
Tes dĂ©sirs ne donnent pas des ordres Ă  l’univers. Mais ils peuvent t’aider Ă  crĂ©er, Ă  rĂȘver, Ă  avancer autrement.


⚖ MICHEL FOUCAULT (1926–1984)

Philosophe du pouvoir, de la norme et des savoirs
Il pense que derriÚre chaque vérité apparente se cache un rapport de force. Il traque les formes invisibles de contrÎle déguisées en évidence.

Le feu se replie sur lui-mĂȘme. Une lumiĂšre plus dure s’installe. Foucault arrive, sans bruit, mais avec une prĂ©sence dense. Il s’assied lĂ©gĂšrement en retrait. Il n’attend pas qu’on l’écoute. Il attend qu’on questionne.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte me dit que tout est juste. Que je dois accepter. Que tout a un sens cachĂ©.
⚖ FOUCAULT : Tout ce qui est dit comme “juste” est une construction. Une forme de pouvoir. Quand on te dit “tout est juste”, on veut souvent t’empĂȘcher de protester.
✹ PREM PRAGYAN : Mais si je remets tout en cause, est-ce que je ne dĂ©truis pas tout sens ?
⚖ FOUCAULT : Non. Tu ouvres des espaces. Tu dĂ©senfouies ce qui a Ă©tĂ© enseveli. Questionner, c’est libĂ©rer des possibles.

◇ Carte tirĂ©e : « Tout est juste »

Croyance : “Chaque Ă©preuve a forcĂ©ment un sens. Elle est lĂ  pour m’enseigner quelque chose.”
✹ PREM PRAGYAN : Et si certaines choses n’avaient aucun sens ?
⚖ FOUCAULT : Alors c’est lĂ  qu’il faut ĂȘtre vigilant. Le non-sens est parfois plus vrai que les rĂ©cits confortables. Ne transforme pas ton malheur en morale. Analyse-le. DĂ©construis.
✹ PREM PRAGYAN : Donc... je peux refuser ce qui m’arrive ?
⚖ FOUCAULT : Refuser n’est pas fuir. C’est rĂ©sister. Et parfois, c’est guĂ©rir.

Le feu claque comme un fouet discret. Foucault se lĂšve. Il ne laisse pas de consolation, mais une luciditĂ© nue. Un savoir tranchant, comme une lumiĂšre qui n’attend pas d’ĂȘtre crue.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Tout est juste »
Personne : Michel Foucault

Prem Pragyan : Une carte me dit que tout ce qui m’arrive est juste. Est-ce que je dois toujours tout accepter ?
Foucault : Non. Parfois, ce qu’on appelle “juste” est une façon de faire taire. Tu peux rĂ©flĂ©chir, dire non, et poser des questions.
Prem Pragyan : MĂȘme si les autres trouvent que je dĂ©range ?
Foucault : Oui. Penser, c’est parfois dĂ©ranger. C’est ouvrir des chemins que d’autres veulent cacher.

Message de la carte :
Tu as le droit de dire non. Tout n’a pas un sens cachĂ©. Tu peux refuser, questionner, et chercher un sens qui est le tien.


🌐 PAUL RICOEUR (1913–2005)

Philosophe du récit, de la mémoire et du sens
Il pense que nous nous comprenons Ă  travers les histoires que nous nous racontons. Mais il faut les relire, les questionner, les nuancer.

Le feu est plus doux, presque intime. Ricoeur arrive comme un narrateur ancien. Il s’assied lentement. Il ne parle pas tout de suite. Il Ă©coute.

✹ PREM PRAGYAN : On me dit que mon corps sait tout. Qu’il me rĂ©vĂšle ce que je ne comprends pas. Que je dois lui faire confiance aveuglĂ©ment.
🌐 RICOEUR : Le corps parle, oui. Mais il parle dans un langage. Et tout langage demande une interprĂ©tation.
✹ PREM PRAGYAN : Donc je ne dois pas croire mon corps ?
🌐 RICOEUR : Tu peux l’écouter. Mais Ă©coute-le comme on Ă©coute un rĂ©cit : avec attention, avec prudence, avec la conscience que ce rĂ©cit peut changer.

◇ Carte tirĂ©e : « Le corps dit toujours vrai »

Croyance : “Mon corps me rĂ©vĂšle la vĂ©ritĂ© que je ne peux pas comprendre autrement.”
✹ PREM PRAGYAN : Et si mon corps me dit quelque chose qui me fait peur ? Qui m’enferme ?
🌐 RICOEUR : Alors cherche l’histoire derriùre la sensation. Le sens ne se trouve pas, il se construit. Et il se transforme avec toi.
✹ PREM PRAGYAN : Et si je ne comprends pas ce qu’il veut dire ?
🌐 RICOEUR : Sois patient. Sois humble. Parfois, il faut du temps pour que les signes deviennent des sens. Et parfois, c’est en racontant autrement que le corps se calme.

Le feu s’est fait confident. Ricoeur se lĂšve. Il ne donne pas de message, mais un fil. Un fil de rĂ©cit, pour ne pas se perdre dans les sensations.

Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Le corps dit toujours vrai »
Personne : Paul Ricoeur

Prem Pragyan : On dit que mon corps dit toujours la vérité. Mais parfois, je ne sais pas quoi en faire. Ou ça me fait peur.
Ricoeur : Ton corps parle, oui. Mais il ne donne pas toujours la vĂ©ritĂ© directement. Il faut l’écouter comme une histoire : doucement, avec le temps.
Prem Pragyan : Et si je ne comprends pas ?
Ricoeur : Tu peux essayer de mettre des mots. D’écrire. De parler avec d’autres. Le sens vient petit Ă  petit.

Message de la carte :
Ton corps te parle. Mais ce qu’il dit peut changer. Ce n’est pas une vĂ©ritĂ© automatique. Tu peux chercher un sens, doucement, sans te forcer.


đŸ€– KARL POPPER (1902–1994)

Philosophe des sciences – DĂ©fenseur du doute critique et de la falsifiabilitĂ©
Il pense qu’une idĂ©e n’a de valeur scientifique que si elle peut ĂȘtre rĂ©futĂ©e. Il nous apprend Ă  distinguer croyance, connaissance, et illusion invĂ©rifiable.

Le feu est stable, rigoureux. Il ne danse pas, il veille. Popper s’avance droit, comme s’il venait examiner une hypothùse. Il regarde la carte entre les mains de Prem Pragyan, non pour la juger, mais pour la tester.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte dit que j’ai manifestĂ© ce qui m’est arrivĂ©. Que mes pensĂ©es ont créé ma rĂ©alitĂ©.
đŸ€– POPPER : C’est une pensĂ©e sĂ©duisante. Mais comment savoir si elle est fausse ? Peux-tu prouver qu’elle se trompe ?
✹ PREM PRAGYAN : Non
 si j’y crois, tout ce qui arrive semble la confirmer.
đŸ€– POPPER : Alors ce n’est pas une thĂ©orie. C’est un cercle. Et tout cercle fermĂ© est un piĂšge pour la pensĂ©e.

◇ Carte tirĂ©e 1 : « Je l’ai manifestĂ© »

Croyance : “Mes pensĂ©es crĂ©ent directement ce qui m’arrive.”
✹ PREM PRAGYAN : Mais si je me sens mieux en croyant cela ?
đŸ€– POPPER : Alors elle te rĂ©conforte, mais ce n’est pas une vĂ©ritĂ©. La science n’a pas Ă  te rassurer. Elle doit t’ouvrir Ă  l’incertitude.

Prem Pragyan tire une deuxiÚme carte. Le feu grésille doucement, comme un test de laboratoire en veille.

✹ PREM PRAGYAN : Et cette autre carte dit que tout est Ă©nergie. Que tout peut ĂȘtre guĂ©ri ainsi.
đŸ€– POPPER : Si tout est Ă©nergie, tout est possible. Et si tout est possible, alors rien n’est vĂ©rifiable. Et ce qui n’est pas vĂ©rifiable... ne peut pas ĂȘtre remis en cause.
✹ PREM PRAGYAN : Donc ce n’est plus de la science.
đŸ€– POPPER : C’est une croyance. Peut-ĂȘtre utile, peut-ĂȘtre belle. Mais pas testable. Et ce que l’on ne peut pas tester ne peut pas ĂȘtre amĂ©liorĂ©.

◇ Carte tirĂ©e 2 : « Tout est Ă©nergie, donc tout est guĂ©rissable »

Croyance : “Tout peut ĂȘtre guĂ©ri par l’énergie car tout est Ă©nergie.”
✹ PREM PRAGYAN : Alors comment croire sans me tromper ?
đŸ€– POPPER : Doute. Toujours. Et surtout de ce qui te fait trop plaisir Ă  croire.

Le feu s’éteint doucement, comme s’il avait accompli une expĂ©rience. Popper ne laisse pas de message, mais un cadre. Une exigence douce, un appel Ă  toujours pouvoir dire : « Et si j’avais tort ? »

Comprendre simplement (FALC soutenu)

Cartes : « Je l’ai manifestĂ© » + « Tout est Ă©nergie, donc tout est guĂ©rissable »
Personne : Karl Popper

Prem Pragyan : Une carte me dit que j’ai créé ce qui m’arrive avec mes pensĂ©es. Et une autre dit que tout est Ă©nergie, donc tout peut se guĂ©rir avec l’énergie.
Popper : Ce sont de belles idĂ©es. Mais on ne peut pas prouver qu’elles sont fausses. Et si on ne peut jamais les tester, ce ne sont pas des idĂ©es scientifiques.
Prem Pragyan : Et si elles me rassurent ?
Popper : Elles peuvent ĂȘtre utiles, mais il faut les appeler des croyances. Et garder le droit d’en douter. C’est comme ça qu’on avance.

Message des cartes :
Ce qui ne peut jamais ĂȘtre mis Ă  l’épreuve peut devenir un piĂšge. Tu as le droit de rĂȘver, mais tu as aussi le droit de douter de tes rĂȘves.


⟁ Fin du deuxiùme cercle

Le feu ne s’éteint pas. Il change de cercle.
Un silence s’installe. Non pas d’ignorance, mais de germination.
D’autres voix attendent. D’autres cartes vibrent. Elles parlent d’illusion collective, de transmission altĂ©rĂ©e, de croyances bien habillĂ©es. Elles approchent, doucement, prĂȘtes Ă  Ă©clore.

Les Entretiens de la Flamme – Volume 3

Désillusion, Transmission, Traversée

Le feu s’est fait braise. Moins visible. Plus profond.
Les cartes sont plus lourdes, les voix plus risquĂ©es. Mais toujours, un souffle cherche l’issue.
Ici, on ne cherche plus Ă  croire. On cherche Ă  comprendre ce qui, en nous, veut croire Ă  tout prix.

🧠 GÉRALD BRONNER (nĂ© en 1969)

Sociologue français des croyances, des biais cognitifs et des marchĂ©s de l’information
Il Ă©tudie comment nos cerveaux cherchent du sens lĂ  oĂč il n’y en a pas toujours. Il analyse les illusions collectives et les piĂšges mentaux de notre Ă©poque.

Le feu est bas. Presque invisible. Une lumiÚre bleue, comme un écran. Bronner arrive sans bruit. Il regarde autour de lui, puis fixe la carte que Prem Pragyan tient dans ses mains. Il ne sourit pas. Il attend que la pensée commence.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte me dit que si des choses reviennent souvent dans ma vie, c’est un signe. Une synchronicitĂ©. Une rĂ©ponse de l’univers.
🧠 BRONNER : C’est une idĂ©e ancienne. Et trĂšs humaine. Mais il faut se mĂ©fier de ce que ton cerveau aime croire.
✹ PREM PRAGYAN : Tu veux dire que je me trompe ?
🧠 BRONNER : Je dis que ton cerveau cherche du sens, mĂȘme quand il n’y en a pas. C’est une machine Ă  lier, pas toujours Ă  comprendre.

◇ Carte tirĂ©e : « Les signes de l’univers »

Croyance : “L’univers m’envoie des signes à travers les coïncidences.”
✹ PREM PRAGYAN : Mais si je vois un mĂȘme symbole trois fois dans la journĂ©e
 ce n’est pas un hasard ?
🧠 BRONNER : Ce n’est pas un complot non plus. C’est peut-ĂȘtre juste que tu y fais plus attention. Ce qu’on appelle le biais de saillance. Tu vois ce que tu veux voir, ou ce que tu as dĂ©jĂ  remarquĂ©.
✹ PREM PRAGYAN : Et si ça m’aide ? Si ça me fait du bien d’y croire ?
🧠 BRONNER : Alors reconnais que ce n’est pas une preuve, mais un choix de lecture. Et ce choix n’est pas neutre. Il peut t’éclairer, ou t’enfermer.

Le feu s’est Ă  peine agitĂ©. Bronner n’est pas venu rĂ©chauffer, mais clarifier. Il parle comme un miroir sans tain. Il salue sans bruit, laissant derriĂšre lui une consigne : « Garde ton esprit disponible, mais pas naĂŻf. »


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Les signes de l’univers »
Personne : Gérald Bronner

Prem Pragyan : J’ai tirĂ© une carte qui dit que l’univers m’envoie des signes. Comme des messages cachĂ©s.
Bronner : C’est normal d’y croire. Mais ton cerveau cherche souvent des liens mĂȘme s’ils n’existent pas. Ce n’est pas l’univers qui parle, c’est ta tĂȘte qui trie les infos.
Prem Pragyan : Mais si ça me fait du bien ?
Bronner : Alors tu peux y croire. Mais ce n’est pas une preuve. C’est une façon de voir les choses. Tu peux aussi en choisir une autre.

Message de la carte :
Ce n’est pas parce qu’un symbole revient qu’il a un sens cachĂ©. Tu peux Ă©couter, observer
 mais sans te laisser piĂ©ger par ton envie de croire.


đŸ§™â€â™‚ïž CARL GUSTAV JUNG (1875–1961)

Psychiatre suisse – Fondateur de la psychologie analytique
Il pense que nous portons en nous des symboles universels, et que la relation à l’autre est un miroir de notre propre inconscient.

Le feu vibre comme un rĂȘve. Des images apparaissent dans l’ombre : un miroir, deux visages, un papillon. Jung marche lentement. Il pose sa main sur la carte. Il ne l’explique pas. Il la ressent.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte parle des flammes jumelles. D’une Ăąme sƓur parfaite, destinĂ©e. D’un amour mystique.
đŸ§™â€â™‚ïž JUNG : Ce n’est pas une personne. C’est une projection. Une image de ton Ăąme que tu vois en l’autre.
✹ PREM PRAGYAN : Mais si je ressens un lien si fort, si profond ?
đŸ§™â€â™‚ïž JUNG : Alors c’est un miroir trĂšs puissant. Et tout miroir peut t’aveugler ou t’éveiller. Cela dĂ©pend de ce que tu en fais.

◇ Carte tirĂ©e : « Les flammes jumelles »

Croyance : “Il existe une personne unique, cosmique, qui me complùte parfaitement.”
✹ PREM PRAGYAN : Et si je perds cette personne ? Est-ce que je rate ma mission d’ñme ?
đŸ§™â€â™‚ïž JUNG : Tu ne perds rien. Tu perds un symbole. Et peut-ĂȘtre qu’en le perdant, tu retrouves une partie de toi.
✹ PREM PRAGYAN : Alors
 l’amour est une voie d’individuation ?
đŸ§™â€â™‚ïž JUNG : Exactement. Aimer vraiment, ce n’est pas chercher sa moitiĂ©. C’est rencontrer son propre inconnu, Ă  travers l’autre.

Le feu devient alchimique. Il ne brûle pas, il transforme. Jung reste un instant. Il ne donne pas de réponses. Seulement des signes à interpréter. Et un conseil silencieux : ne crois pas trop vite ce que tu ressens. Traverse-le.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Les flammes jumelles »
Personne : Carl Gustav Jung

Prem Pragyan : On dit qu’il existe une personne unique, mon ñme jumelle. Est-ce vrai ?
Jung : C’est une idĂ©e symbolique. Pas une vĂ©ritĂ©. Tu projettes une image de toi sur l’autre. C’est une façon de te chercher, pas de trouver quelqu’un d’extĂ©rieur.
Prem Pragyan : Et si je crois l’avoir trouvĂ©e ?
Jung : Alors regarde ce que cela rĂ©veille en toi. Peut-ĂȘtre que cette rencontre t’aide Ă  grandir. Mais ne crois pas qu’elle est magique ou cosmique. Ce n’est qu’un miroir.

Message de la carte :
Tu ne dois pas chercher quelqu’un pour te complĂ©ter. Tu peux apprendre Ă  te connaĂźtre Ă  travers les relations. L’autre n’est pas ton destin : c’est une traversĂ©e.


🎭 ROLAND BARTHES (1915–1980)

SĂ©miologue et critique du langage – Penseur des mythes modernes
Il pense que les mots, les images, les rĂ©cits du quotidien peuvent devenir des “mythes”. Des croyances dĂ©guisĂ©es. Il dĂ©chiffre ce que le langage cache derriĂšre ce qu’il montre.

Le feu s’est affinĂ©. Il Ă©claire moins qu’il ne souligne. Une silhouette discrĂšte approche. Barthes regarde la carte comme on lirait une page dĂ©jĂ  annotĂ©e. Il ne parle pas tout de suite. Il attend que le sens glisse.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte me dit que si je souffre, c’est mon karma. Une dette passĂ©e. Une Ă©preuve que j’ai mĂ©ritĂ©e.
🎭 BARTHES : C’est un mythe. Une fable. Non pas parce qu’elle est fausse, mais parce qu’elle organise ton malheur en rĂ©cit acceptable.
✹ PREM PRAGYAN : Mais ça m’aide. Je me dis que c’est juste. Que c’est pour Ă©voluer.
🎭 BARTHES : Et c’est prĂ©cisĂ©ment lĂ  que le mythe agit. Il te donne une cause lĂ  oĂč il n’y en a peut-ĂȘtre pas. Il t’invite Ă  lire la douleur comme une morale.

◇ Carte tirĂ©e : « C’est mon karma »

Croyance : “Tout ce qui m’arrive est liĂ© Ă  une faute passĂ©e que je dois rĂ©parer.”
✹ PREM PRAGYAN : Tu veux dire que ce n’est pas vrai ?
🎭 BARTHES : Je veux dire que ce n’est pas neutre. Le mot “karma” dĂ©pouille la douleur de son contexte. Il la transforme en destin. C’est une opĂ©ration langagiĂšre, pas une vĂ©ritĂ©.
✹ PREM PRAGYAN : Et si ça me donne de la force ?
🎭 BARTHES : Alors regarde ce que cette force Ă©crase en toi. La pensĂ©e critique ? Le doute ? La rĂ©volte ? Parfois, il faut laisser les mots se fissurer pour que d’autres vĂ©ritĂ©s passent.

Le feu souligne une phrase invisible. Barthes s’éloigne comme une marge s’efface. Il ne laisse pas de vĂ©ritĂ©. Il laisse une luciditĂ© douce sur les mots qu’on emploie sans les voir.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « C’est mon karma »
Personne : Roland Barthes

Prem Pragyan : On me dit que si je souffre, c’est parce que je l’ai mĂ©ritĂ©. C’est mon karma.
Barthes : Ce mot peut te faire du bien. Mais il transforme la souffrance en punition. Et ce n’est pas toujours juste.
Prem Pragyan : Tu veux dire que ce n’est pas vrai ?
Barthes : Je dis que c’est une histoire qu’on raconte. Une histoire qui peut cacher les vraies causes de ta douleur.

Message de la carte :
Tu peux chercher un sens Ă  ce que tu vis. Mais ne laisse pas les mots dĂ©cider Ă  ta place. Le “karma” n’est pas une loi : c’est une façon de voir. Tu peux aussi en choisir une autre.


đŸ•Šïž HANNAH ARENDT (1906–1975)

Philosophe politique – Penseuse de la libertĂ©, de la responsabilitĂ©, et du mal ordinaire
Elle pense que penser par soi-mĂȘme est un acte de rĂ©sistance. Que cĂ©der sa conscience Ă  une autoritĂ©, mĂȘme douce, peut mener au pire. Elle parle de la nĂ©cessitĂ© de juger, mĂȘme sans certitude.

Le feu est sobre. Il ne danse pas. Il Ă©claire juste. Arendt s’approche comme une prĂ©sence droite, sans dĂ©tour. Elle regarde la carte. Elle ne la commente pas. Elle regarde Prem Pragyan. Elle attend une question, pas une croyance.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte parle du thĂ©rapeute. Celui qui sait. Celui qui me guide. Je lui fais confiance. Il m’ouvre les yeux.
đŸ•Šïž ARENDT : Il t’ouvre les yeux
 ou il te les ferme, doucement. En pensant pour toi.
✹ PREM PRAGYAN : Mais j’ai besoin d’un guide. Je ne sais pas toujours quoi faire.
đŸ•Šïž ARENDT : Avoir besoin n’est pas dangereux. C’est abandonner son jugement qui l’est. Penser, c’est rester capable de dire non. MĂȘme Ă  celui qui veut ton bien.

◇ Carte tirĂ©e : « Le thĂ©rapeute qui sait »

Croyance : “Quelqu’un sait mieux que moi ce qui est bon pour moi.”
✹ PREM PRAGYAN : Et si je me trompe tout seul ? Et que lui a raison ?
đŸ•Šïž ARENDT : Se tromper librement est parfois plus sain que d’avoir raison en obĂ©issant. Tu n’as pas besoin d’avoir toujours raison. Tu as besoin de rester capable de penser.
✹ PREM PRAGYAN : Donc je dois douter de mon thĂ©rapeute ?
đŸ•Šïž ARENDT : Non. Tu dois pouvoir douter. C’est ça, la libertĂ© intĂ©rieure.

Le feu veille. Arendt se lĂšve. Elle ne donne ni mĂ©thode, ni conseil. Elle redonne la responsabilitĂ©. Et ce geste est peut-ĂȘtre le plus thĂ©rapeutique de tous.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Le thérapeute qui sait »
Personne : Hannah Arendt

Prem Pragyan : Cette carte me dit que mon thérapeute sait mieux que moi ce que je dois faire. Que je dois lui faire confiance.
Arendt : Tu peux Ă©couter. Mais tu ne dois jamais laisser quelqu’un penser Ă  ta place. MĂȘme s’il est gentil. MĂȘme s’il est savant.
Prem Pragyan : Et si je me trompe ?
Arendt : Tu as le droit de te tromper. Mais tu dois rester libre de penser. Sinon, tu deviens dépendant.

Message de la carte :
Aucun maĂźtre, aucun thĂ©rapeute ne doit penser Ă  ta place. Tu peux ĂȘtre guidĂ©, mais pas dirigĂ©. Le doute est parfois plus juste que l’obĂ©issance.


â›” IVAN ILLICH (1926–2002)

Philosophe critique des institutions – Penseur de la sobriĂ©tĂ© et de la libertĂ© conviviale
Il pense que les systĂšmes modernes, mĂȘme ceux qui prĂ©tendent aider, finissent souvent par dĂ©possĂ©der les gens d’eux-mĂȘmes. Il dĂ©fend une autonomie simple, une mĂ©decine modeste, une spiritualitĂ© libre de toute promesse.

Le feu est calme. Une braise lente, sans promesse. Illich s’approche Ă  pied nu. Il n’a rien Ă  vendre, rien Ă  guĂ©rir. Il regarde la carte, puis lĂšve les yeux vers Prem Pragyan. Il attend une question qui vient du corps.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte dit que tout est Ă©nergie. Et que donc, tout peut ĂȘtre guĂ©ri.
â›” ILLICH : Ce genre de promesse est plus dangereux qu’il n’y paraĂźt. Elle confond le mystĂšre de la vie avec une offre de bien-ĂȘtre.
✹ PREM PRAGYAN : Mais si on peut guĂ©rir par l’énergie, pourquoi ne pas le faire ?
â›” ILLICH : Parce que vouloir tout guĂ©rir, c’est refuser la limite. Et parfois, c’est dans la limite qu’on devient vraiment humain.

◇ Carte tirĂ©e : « Tout est Ă©nergie, donc tout est guĂ©rissable »

Croyance : “Puisque tout est Ă©nergie, toute douleur peut ĂȘtre soignĂ©e par l’énergie.”
✹ PREM PRAGYAN : Mais si je souffre ? Si je veux aller mieux ?
â›” ILLICH : Bien sĂ»r que tu veux aller mieux. Mais la vraie question est : Ă  quel prix ? Et : Ă  qui donnes-tu ton pouvoir de dĂ©cider ce qui est ‘mieux’ ?
✹ PREM PRAGYAN : Donc je dois accepter ma souffrance ?
â›” ILLICH : Non. Tu dois l’écouter. Pas la fuir. Pas la nier. Pas la transformer en produit. GuĂ©rir, parfois, c’est ne pas fuir ce qui ne se soigne pas.

Le feu ne guĂ©rit rien. Il Ă©claire. Illich s’éloigne sans bruit. Il laisse derriĂšre lui un silence utile, une libertĂ© sans promesse, une invitation Ă  l’écoute nue.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Tout est énergie, donc tout est guérissable »
Personne : Ivan Illich

Prem Pragyan : Une carte dit que tout peut se guĂ©rir avec l’énergie. Est-ce vrai ?
Illich : Ce n’est pas aussi simple. Croire qu’on peut tout guĂ©rir, c’est vouloir tout contrĂŽler. Et parfois, on ne peut pas. Et c’est normal.
Prem Pragyan : Mais je veux aller mieux.
Illich : Tu peux vouloir ça. Mais ne crois pas que tout doit disparaĂźtre. Parfois, accepter une douleur, c’est dĂ©jĂ  guĂ©rir autrement.

Message de la carte :
Tu n’as pas Ă  tout guĂ©rir. Tu peux Ă©couter. Tu peux vivre avec. Chercher du mieux, sans croire que tout peut disparaĂźtre comme par magie.


⟁ Fin du troisiùme cercle

Le feu ne console plus. Il Ă©claire doucement ce qu’il faut traverser.
Le silence n’est plus vide : il est chargĂ© de discernement, d’éthique, de limites assumĂ©es.
Le quatriĂšme cercle s’ouvrira avec d’autres voix. Moins sages, plus provocantes. Des voix qui renversent, qui dĂ©capent, qui rient ou qui fendent le langage.


Les Entretiens de la Flamme – Volume 4

Intrusions, Ruptures et Renversements

Le feu est traversé. Il ne réchauffe plus, il transperce.
Ce cercle n’est pas appelĂ©. Il s’impose.
Ici, les certitudes entrent sans prévenir. Et parfois, il faut les recevoir pour mieux les voir repartir.

🧠 SIGMUND FREUD & 🎭 JACQUES LACAN

Figures imposĂ©es – psychanalyse en mission spontanĂ©e

Le feu clignote, comme perturbĂ©. Deux silhouettes surgissent sans ĂȘtre invitĂ©es. Freud ajuste son veston. Lacan parle dĂ©jĂ . Aucun ne demande la permission. Ils interprĂštent avant d’écouter.

🧠 FREUD : Ce feu est un symbole clair de pulsion libidinale non rĂ©solue. Et ce jeu
 un rĂȘve collectif d’autoguĂ©rison ratĂ©e.
🎭 LACAN : Vous croyez jouer, mais c’est le signifiant qui vous joue. Toute carte est un leurre. Sauf la mienne.
✹ PREM PRAGYAN (perplexe) : Messieurs
 je n’ai pas encore tirĂ© de carte.
🧠 FREUD : Vous n’avez pas besoin. Le choix inconscient est dĂ©jĂ  fait.
🎭 LACAN : Et le dĂ©sir, lui, se cache dans ce que vous ne tirez pas.

◇ Carte dĂ©tournĂ©e : « Le corps dit toujours vrai »

Croyance : “Mon corps me rĂ©vĂšle toujours la vĂ©ritĂ©.”
✹ PREM PRAGYAN : Et si mon corps m’envoie un message simple ?
🧠 FREUD : C’est un symptĂŽme. Un retour du refoulĂ©. Rien n’est jamais simple.
🎭 LACAN : Ce que vous croyez lire dans le corps est une Ă©criture de l’Autre. Une jouissance masquĂ©e. Vous ĂȘtes dĂ©jĂ  piĂ©gĂ©.

Le feu frémit. Puis soudain, une carte tombe du ciel : « Le doute du doute ». Freud la regarde de travers. Lacan rit. Prem Pragyan la ramasse, calmement.

✹ PREM PRAGYAN : Et si, ce soir, je choisissais
 de ne pas vous croire ?
🧠 FREUD : RĂ©sistance. Classique.
🎭 LACAN : Fascinant. Vous venez d’énoncer un signifiant-maĂźtre.

Ils disparaissent comme ils sont venus. Une odeur de cigare reste. Et un silence plein de soulagement. Le jeu reprend.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Cartes : « Le corps dit toujours vrai » + « Le doute du doute »
Personnages : Freud et Lacan (pas vraiment invités)

Prem Pragyan : Freud et Lacan sont arrivĂ©s sans qu’on les appelle. Ils ont dit que tout ce que je ressens vient de mon inconscient, ou d’un langage cachĂ©.
Moi : J’ai choisi de ne pas tout croire. Parce que parfois, le doute est plus sain que les explications compliquĂ©es.

Message de la carte :
Tu peux Ă©couter ton corps, ton esprit, et mĂȘme des experts. Mais tu as le droit de ne pas tout croire. MĂȘme quand c’est dit avec des mots savants.


đŸȘŁ DIOGÈNE DE SINOPE (vers -400 / -325 av. J.-C.)

Philosophe cynique – penseur de la libertĂ© radicale, du rire dĂ©capant et du refus des faux besoins
Il vivait dans un tonneau, aboyait contre les conventions, riait des sages et pissait sur les dogmes. Il ne voulait ni confort, ni flatterie. Seulement la vérité nue.


Le feu crĂ©pite doucement. Une silhouette arrive pieds nus, tenant une lanterne en plein jour. Il ne salue pas. Il s’assoit sur une pierre, grignote une olive, puis crache Ă  cĂŽtĂ© du feu, sans gĂȘne.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte parle de mĂ©decine quantique. Une Ă©nergie qui soigne tout. Par vibration. Par intention.
đŸȘŁ DIOGÈNE : Tu veux soigner quoi ? Ton ignorance ? Ta peur de mourir ? Ton portefeuille vidĂ© par un druide bien coiffĂ© ?
✹ PREM PRAGYAN : C’est une mĂ©decine douce. Elle me parle. Elle soigne autrement.
đŸȘŁ DIOGÈNE : Elle parle surtout Ă  ta crĂ©dulitĂ©. Tout ce qui brille en grec ne vient pas d’Hippocrate. Ne confonds pas le mystĂšre avec le marketing.

◇ Carte tirĂ©e : « La mĂ©decine quantique »

Croyance : “Cette mĂ©decine d’énergie subtile agit au niveau quantique. Elle soigne mĂȘme ce que la science ignore.”
✹ PREM PRAGYAN : Mais si je ressens quelque chose ? Si ça marche pour moi ?
đŸȘŁ DIOGÈNE : Alors peut-ĂȘtre que ton besoin d’y croire est plus fort que ton mal. Et parfois, c’est dĂ©jĂ  un soulagement. Mais ne mens pas : ce n’est pas de la science, c’est une incantation.
✹ PREM PRAGYAN : Et si j’ai envie d’y croire quand mĂȘme ?
đŸȘŁ DIOGÈNE : Crois, si tu veux. Mais garde ton rire Ă  portĂ©e de main. Et ton esprit aussi. Ou tu finiras Ă  vendre des cristaux pour soigner la mĂ©tĂ©o.

Le feu rit doucement. DiogĂšne se lĂšve, renifle le ciel, puis s’éloigne avec sa lanterne toujours allumĂ©e. Il ne cherche rien. Il Ă©claire les autres malgrĂ© eux. Et s’il revient, ce sera pour pisser sur un autre mythe.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « La médecine quantique »
Personne : DiogĂšne

Prem Pragyan : J’ai tirĂ© une carte qui parle de mĂ©decine quantique. Une Ă©nergie qui soigne tout, mĂȘme Ă  distance.
DiogĂšne : Ce n’est pas une vraie mĂ©decine. C’est une histoire qui rassure. Peut-ĂȘtre que ça te fait du bien. Mais attention aux fausses promesses.
Prem Pragyan : Et si je veux y croire ?
Diogùne : Tu peux. Mais ne dis pas que c’est scientifique. C’est une croyance. Et c’est à toi d’en rester libre.

Message de la carte :
Certaines choses font du bien sans ĂȘtre vraies. Ce n’est pas grave. Mais il vaut mieux le savoir. Garde ton esprit critique
 et ton humour.


âœĄïž BARUCH SPINOZA (1632–1677)

Philosophe rationaliste – penseur de la nĂ©cessitĂ©, de la joie, de la libertĂ© par la connaissance
Il ne croyait pas en un Dieu personnel mais en un ordre divin dans la nature. Il pensait que comprendre les causes du monde libĂšre de la peur et des illusions.


Le feu est paisible. Il ne danse pas, il respire. Spinoza arrive en silence, presque transparent. Il ne cherche ni spectacle ni adhĂ©sion. Il s’assoit comme on pose un livre. Puis regarde la carte, simplement.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte parle d’une croyance oubliĂ©e. D’une chose que j’ai laissĂ©e tomber. Peut-ĂȘtre trop vite.
âœĄïž SPINOZA : Il n’y a pas de faute Ă  oublier. Il y a des chemins qui s’éloignent, et d’autres qui se construisent. Ce que tu as quittĂ© t’a aussi conduit ici.
✹ PREM PRAGYAN : Mais si j’ai jetĂ© trop tĂŽt une croyance utile ? Si je suis allĂ© trop loin dans le doute ?
âœĄïž SPINOZA : Le doute n’est pas un gouffre. C’est une lumiĂšre. Tu ne dois pas revenir en arriĂšre, mais comprendre ce que tu as quittĂ©, et pourquoi.

◇ Carte tirĂ©e : « La croyance oubliĂ©e »

Croyance : “Il y a une idĂ©e, une foi, une image que j’ai laissĂ©e, mais qui me manque.”
✹ PREM PRAGYAN : Tu veux dire que cette croyance a encore une place ?
âœĄïž SPINOZA : Pas en tant que vĂ©ritĂ©. Peut-ĂȘtre en tant que affect. Une Ă©motion ancienne, une trace dans ton ĂȘtre. Elle n’a pas besoin d’ĂȘtre relogĂ©e, mais d’ĂȘtre regardĂ©e avec tendresse.
✹ PREM PRAGYAN : Donc je peux lui dire merci
 et ne pas y revenir ?
âœĄïž SPINOZA : Exactement. La libertĂ© n’est pas de rejeter, mais de comprendre. Et la joie n’est pas de croire Ă  nouveau, mais de ne plus avoir besoin de croire.

Le feu devient clair, comme un miroir d’eau. Spinoza s’incline. Il ne donne pas de formule. Il laisse respirer une forme de paix nue. La paix du rĂ©el quand il n’a plus besoin de costume.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « La croyance oubliée »
Personne : Spinoza

Prem Pragyan : Une carte me dit que j’ai laissĂ© une croyance derriĂšre moi. Et qu’elle me manque peut-ĂȘtre.
Spinoza : Ce n’est pas grave d’avoir changĂ©. Tu peux comprendre ce que cette croyance t’apportait. Et avancer sans elle.
Prem Pragyan : Et si je veux la garder un peu ?
Spinoza : Tu peux. Mais sans t’y enfermer. Comprendre ce qu’on a quittĂ©, c’est aussi grandir.

Message de la carte :
Tu n’as pas besoin de revenir à une ancienne croyance. Tu peux la regarder avec tendresse. Et continuer librement ton chemin.


⚫ MARK FISHER (1968–2017)

ThĂ©oricien de la culture – penseur du capitalisme dĂ©pressif et des impasses de lâ€™â€œĂ©veil” individuel
Il pense que beaucoup de nos souffrances sont politiques avant d’ĂȘtre personnelles. Il critique l’illusion que l’on peut se “libĂ©rer” seul, sans toucher aux structures sociales.


Le feu vacille, comme s’il doutait de lui-mĂȘme. Mark Fisher approche doucement, les poches pleines d’ombres lucides. Il ne parle pas tout de suite. Il observe. Puis, il pose la main sur la carte.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte dit que je suis Ă©veillé·e. Que j’ai compris ce que les autres ignorent. Que je vois enfin clair.
⚫ FISHER : L’illusion de l’éveil personnel est le meilleur outil du capitalisme spirituel. Tu crois ĂȘtre libre
 pendant que tout continue sans toi.
✹ PREM PRAGYAN : Mais je ressens vraiment quelque chose. Une clartĂ©, une sortie du brouillard.
⚫ FISHER : C’est une Ă©tape. Pas une fin. Et surtout pas une supĂ©rioritĂ©. DĂšs que tu te sens “au-dessus”, demande-toi : qu’est-ce que je ne veux plus voir ?

◇ Carte tirĂ©e : « Je suis Ă©veillé·e »

Croyance : “J’ai compris ce que les autres ne voient pas. Je suis libĂ©ré·e.”
✹ PREM PRAGYAN : Tu veux dire que l’éveil est une illusion ?
⚫ FISHER : L’éveil devient une prison dĂšs qu’il t’isole. Il te donne l’impression de flotter au-dessus. Mais en rĂ©alitĂ©, il peut t’éloigner de la solidaritĂ©, de la lutte, du monde rĂ©el.
✹ PREM PRAGYAN : Alors que faire ?
⚫ FISHER : Redescendre. Voir d’oĂč vient la souffrance. Ne pas la spiritualiser trop vite. Parfois, c’est la sociĂ©tĂ© qui dysfonctionne. Et tu n’as pas Ă  t’adapter seul·e.

Le feu s’éteint presque. Mark Fisher s’éloigne dans un silence plein d’alerte. Il ne parle pas d’espoir. Il parle d’attention. Et ça, parfois, c’est plus prĂ©cieux que toute lumiĂšre.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Je suis éveillé·e »
Personne : Mark Fisher

Prem Pragyan : Cette carte dit que je suis éveillé·e. Que je vois ce que les autres ne voient pas.
Fisher : Ce sentiment peut te faire du bien. Mais attention Ă  ne pas croire que tu es supĂ©rieur·e. Parfois, c’est juste une autre forme d’isolement.
Prem Pragyan : Et si je veux quand mĂȘme avancer seul·e ?
Fisher : Tu peux. Mais souviens-toi que beaucoup de souffrances viennent du monde, pas de toi. On peut aussi changer les choses ensemble.

Message de la carte :
L’éveil ne te rend pas meilleur·e que les autres. Il peut t’aider Ă  voir. Mais il ne doit pas t’isoler. L’intelligence est aussi collective.


đŸŽ€ PIERRE DESPROGES (1939–1988)

Humoriste, chroniqueur, styliste du verbe et poĂšte de la moquerie lucide
Il rit de tout, surtout des prĂ©tentions humaines. Il manie l’absurde comme une vĂ©ritĂ© tranchante. Il croit au doute, pas aux dogmes, surtout quand ils sont dĂ©guisĂ©s en bienveillance.


Le feu clignote. Puis ricane. Desproges surgit sans prĂ©venir, un verre de vin rouge dans une main, un dictionnaire dans l’autre. Il regarde la carte, et souffle un “Ah
” presque affectueux.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte me dit que certaines personnes vibrent trop bas. Qu’elles me tirent vers le bas. Que je dois m’élever.
đŸŽ€ DESPROGES : Évidemment. Et moi, je sens que ta vibration me donne envie d’une soupe Ă  l’ego. Moins salĂ©e.
✹ PREM PRAGYAN : Mais je cherche la paix. L’harmonie.
đŸŽ€ DESPROGES : TrĂšs noble. Mais l’harmonie qui exclut les gens qui te dĂ©rangent, c’est de la paix marketing. Du dĂ©veloppement personnel Ă  usage dĂ©fensif.

◇ Carte tirĂ©e : « Tu vibres trop bas pour moi »

Croyance : “Certaines personnes sont toxiques car elles ont une vibration basse. Je dois m’en Ă©loigner pour m’élever.”
✹ PREM PRAGYAN : Mais il y a bien des gens qui m’épuisent ?
đŸŽ€ DESPROGES : Évidemment. Mais dis “je suis fatigué·e”, pas “tu vibres trop bas”. C’est plus humble. Et moins prĂ©tentieux, tu vois ?
✹ PREM PRAGYAN : Tu veux dire que cette carte est une forme d’arrogance spirituelle ?
đŸŽ€ DESPROGES : Disons que c’est un snobisme cosmique. Le genre de phrase qu’on Ă©crit en violet sur Instagram, avec un bol tibĂ©tain en story.

Le feu Ă©clate de rire. Pas moqueur. LibĂ©rateur. Desproges lĂšve son verre, fait un clin d’Ɠil Ă  Prem Pragyan, et s’éclipse dans une pirouette, laissant derriĂšre lui une phrase : « On peut rire de tout, surtout de soi-mĂȘme. »


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Tu vibres trop bas pour moi »
Personne : Pierre Desproges

Prem Pragyan : Cette carte me dit que certaines personnes sont trop nĂ©gatives. Que je dois m’en Ă©loigner pour rester en paix.
Desproges : Tu peux t’éloigner. Mais attention aux mots que tu choisis. Dire “tu vibres trop bas”, c’est un peu mĂ©prisant.
Prem Pragyan : Alors je dis quoi ?
Desproges : Dis simplement ce que tu ressens. Sans juger l’autre. C’est plus honnĂȘte.

Message de la carte :
Tu peux poser tes limites. Mais sans penser que tu vaux mieux que les autres. Le vrai respect, c’est de dire “je” plutît que “tu vibres”.


⟁ Fin du quatriùme cercle

On croyait rire des autres. On s’est surpris Ă  sourire de soi-mĂȘme.
Ce cercle a laissé entrer la ruse, le trouble, la voix qui pique et celle qui chatouille.
La flamme est devenue flĂšche. Et le silence, un terrain d’irrĂ©vĂ©rence douce.
Le cinquiĂšme cercle s’ouvrira dans un souffle plus intime. Moins frontal. Plus incarnĂ©. On y parlera de traversĂ©es, de prĂ©sence nue, et d’un feu qui ne demande plus rien.

Les Entretiens de la Flamme – Volume 5

Présence, Traversée, Incarnation

Ce cercle n’élĂšve pas. Il descend au centre.
Il ne tranche pas. Il écoute.
Il ne juge pas. Il traverse.

✹ ETTY HILLESUM (1914–1943)

Mystique incarnĂ©e – PrĂ©sence lucide au cƓur de la douleur
Elle a Ă©crit, priĂ©, aimĂ© et veillĂ© dans l’enfer d’Auschwitz. Elle n’a jamais fui la douleur du monde, mais l’a traversĂ©e avec prĂ©sence, humilitĂ©, et une foi sans dogme.

Le feu ne crĂ©pite pas. Il respire. À peine. Une brise lĂ©gĂšre s’approche. Ce n’est pas une entrĂ©e. C’est une prĂ©sence. Etty est dĂ©jĂ  lĂ . Elle ne dit rien tout de suite. Elle Ă©coute.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte
 elle ne dit rien. Elle ne me parle pas. Elle ne donne aucun message.
ETTY : Alors respire-la. Elle n’a rien Ă  t’apprendre. Elle est lĂ . Comme la vie, parfois, sans sens. Sans rĂ©ponse. Mais prĂ©sente.
✹ PREM PRAGYAN : J’ai peur. Si le jeu se tait
 que me reste-t-il ?
ETTY : Il te reste toi. Nue. Non pas face Ă  un secret, mais face Ă  une paix que rien n’explique. Une paix que tu ne peux pas mĂ©riter, ni possĂ©der. Juste traverser.

◇ Carte tirĂ©e : « Le souffle sans nom »

Carte ultime du jeu – Pas de croyance, pas de message. Seulement un souffle.
✹ PREM PRAGYAN : Alors
 je ne fais rien ?
ETTY : Tu peux rester. Tu peux respirer. Tu peux écouter en toi ce qui ne parle pas. Le feu, parfois, ne chauffe plus. Il veille.
✹ PREM PRAGYAN : Mais ça ne me guide pas

ETTY : Tu n’es plus guidé·e. Tu es libre. Et cette libertĂ©-lĂ , elle est nue. Elle n’a pas besoin de direction. Juste d’une attention aimante.

Le feu ne change pas. Mais autour, tout paraĂźt plus vaste. Etty ne part pas. Elle est lĂ . Elle ne s’éloigne pas. Elle s’efface. Comme la lumiĂšre qui reste dans le cƓur, longtemps aprĂšs l’extinction de la lampe.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Le souffle sans nom »
Personne : Etty Hillesum

Prem Pragyan : Cette carte ne dit rien. Pas de message. Pas de sens.
Etty : Ce n’est pas un vide. C’est un espace. Tu peux juste rester. Respirer. Tu n’as rien Ă  faire. Tu peux ĂȘtre lĂ . C’est suffisant.
Prem Pragyan : MĂȘme si j’ai peur ?
Etty : Oui. Tu peux avoir peur. Tu peux aussi accueillir ce qui est lĂ , sans tout comprendre.

Message de la carte :
Il n’y a rien Ă  comprendre. Juste ĂȘtre lĂ . Respirer. Laisser le silence exister. Et toi avec lui.


đŸ”„ FRANTZ FANON (1925–1961)

Penseur de la libĂ©ration – Voix des corps niĂ©s et debout
Il a parlĂ© pour ceux qu’on n’écoutait pas. Il a criĂ©, Ă©crit, soignĂ©, rĂ©sistĂ©. Il n’a pas cherchĂ© la lumiĂšre, mais la justice. MĂȘme au prix de la rupture.

Le feu se retire. Lentement. Il ne s’éteint pas. Il s’éloigne. Une silhouette avance dans la pĂ©nombre. Frantz Fanon ne vient pas s’asseoir. Il reste debout, Ă  la lisiĂšre. LĂ  oĂč naissent les dĂ©parts.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte dit : “Le feu s’éloigne, et moi avec.” Elle ne m’explique rien. Elle me laisse partir.
FANON : Parfois, il faut partir sans autorisation. S’éloigner de ce qui ne comprend pas. De ce qui enferme. MĂȘme quand ça brĂ»le encore.
✹ PREM PRAGYAN : Mais si je quitte la flamme
 que reste-t-il ?
FANON : Toi. Ta voix. Ton souffle. Ta colĂšre peut-ĂȘtre. Mais elle est Ă  toi. Pas hĂ©ritĂ©e. Pas imposĂ©e.

◇ Carte tirĂ©e : « Le feu s’éloigne, et moi avec »

Carte de seuil – Pas de retour. Une sortie sans appel. Une traversĂ©e du non-reconnu.
✹ PREM PRAGYAN : Et si on me demande pourquoi je pars ?
FANON : Tu n’as pas Ă  justifier. Tu n’as pas fui. Tu as compris que certains lieux ne peuvent pas t’accueillir sans te dĂ©former. Tu n’as pas besoin d’y rester pour exister.
✹ PREM PRAGYAN : Est-ce que ce dĂ©part est une rĂ©volte ?
FANON : Ce dĂ©part est une naissance. MĂȘme s’il ressemble Ă  un silence. Tu n’es pas obligĂ© d’emporter la douleur. Tu peux emporter la dignitĂ©.

Le feu s’efface doucement. Fanon disparaĂźt avec lui. Il ne laisse rien derriĂšre, si ce n’est une direction : en avant. Et peut-ĂȘtre un murmure : “Tu n’étais pas Ă  ta place. Tu peux en crĂ©er une autre.”


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Le feu s’éloigne, et moi avec »
Personne : Frantz Fanon

Prem Pragyan : Cette carte me dit que le feu s’éloigne. Que je pars avec lui.
Fanon : Oui. Parfois, tu dois partir. Tu n’as plus ta place. Tu ne peux plus rester lĂ  oĂč tu n’es pas respecté·e.
Prem Pragyan : Mais ça fait mal

Fanon : Tu peux avoir mal. Mais tu peux aussi marcher. Vers autre chose. Tu n’es pas seul·e. Ton dĂ©part est aussi une force.

Message de la carte :
Tu peux quitter ce qui ne te respecte pas. Tu n’as pas besoin d’expliquer. Tu peux emporter ta force avec toi, mĂȘme en silence.


đŸŒ«ïž MARÍA ZAMBRANO (1904–1991)

Philosophe poĂ©tique – Silence habitĂ©, feu sans contours
Elle ne sĂ©parait pas la pensĂ©e du souffle. Elle Ă©crivait comme on respire, comme on pleure. Pour elle, le feu n’était pas une vĂ©ritĂ©, mais une blessure qui Ă©claire.

Le feu ne flambe plus. Il est lĂ , informe. Pas Ă©teint. Pas visible. Juste lĂ , sans contours. MarĂ­a Zambrano s’approche comme on entre dans un rĂȘve. Son silence est habitĂ©. Elle s’assied. Écoute. Et ne commente pas tout de suite.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte ne dit rien. Elle n’a pas de bord. Pas de message. Juste : “le feu sans forme”.
ZAMBRANO : Le feu n’a pas toujours besoin de forme. Il est parfois attente. Ou soupir. Ou prĂ©sence qui ne sait pas encore comment apparaĂźtre.
✹ PREM PRAGYAN : Et moi
 comment je fais, quand je ne comprends plus rien ?
ZAMBRANO : Tu vis. Tu respires. Tu t’autorises Ă  ne pas nommer. À rester avec ce qui n’est pas encore nĂ© en toi.

◇ Carte tirĂ©e : « Le feu sans forme »

Carte ultime – Aucun cadre, aucun miroir, aucune direction. Juste un seuil silencieux.
✹ PREM PRAGYAN : C’est un feu qui ne me guide pas ?
ZAMBRANO : Non. C’est un feu qui ne t’oblige pas. Qui ne te montre pas. Il te laisse faire un pas
 sans carte. Et dans ce pas-là, tu es libre.
✹ PREM PRAGYAN : Et si je veux qu’il reprenne forme ?
ZAMBRANO : Il le fera. Ou pas. Tu n’as pas Ă  dĂ©cider. Tu as juste Ă  habiter ce moment sans bord. Ce feu sans nom. Cette vie encore informe.

Le feu devient brume. Pas de direction. Pas de rĂ©cit. Juste une densitĂ©. MarĂ­a Zambrano ne parle plus. Mais sa prĂ©sence dit ceci : “Penser ne suffit pas. Il faut rĂȘver. Et parfois, pleurer un peu en silence.”


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Le feu sans forme »
Personne : MarĂ­a Zambrano

Prem Pragyan : Cette carte ne donne aucune forme. Je ne sais pas quoi faire.
Zambrano : Tu n’as rien à faire. Tu peux rester là. Dans l’inconnu. Tu peux respirer sans comprendre.
Prem Pragyan : Et si j’ai besoin d’un chemin ?
Zambrano : Le chemin viendra. Peut-ĂȘtre. Ou peut-ĂȘtre pas. Tu peux habiter ce silence. Il est vivant.

Message de la carte :
Tu n’as pas besoin d’une rĂ©ponse tout de suite. Tu peux rester dans l’informe. Tu n’es pas perdu·e. Tu es juste lĂ , sans certitude. Et c’est dĂ©jĂ  beaucoup.


🌀 HENRI BERGSON (1859–1941)

Philosophe du mouvement – Le vivant avant la forme
Il ne pensait pas le monde en idĂ©es fixes, mais en mouvement. Pour lui, comprendre vraiment, c’est sentir le flux de la vie – sans le figer en concepts.

Le feu est discret. Il ne montre rien, mais palpite doucement, comme un cƓur. Bergson s’avance lentement, presque en dĂ©calĂ©. Il regarde la carte, qui est vide. Il sourit.

✹ PREM PRAGYAN : Elle est blanche. Il n’y a rien. Je ne sais pas si c’est une erreur ou une permission.
BERGSON : C’est un commencement. Pas une absence. Cette carte n’efface rien, elle te rend la main. Elle t’offre l’espace de ta propre crĂ©ation.
✹ PREM PRAGYAN : Mais comment savoir quoi y mettre ?
BERGSON : Tu ne “sais” pas. Tu ressens, tu pressens, tu vis. Ce que tu y mettras naĂźtra de la durĂ©e — de l’intĂ©rieur, pas de l’extĂ©rieur.

◇ Carte tirĂ©e : « La carte blanche »

Carte de seuil – Elle n’oriente pas. Elle attend. Elle propose un espace vide à remplir.
✹ PREM PRAGYAN : Et si je me trompe ?
BERGSON : Il n’y a pas d’erreur dans un Ă©lan sincĂšre. Le temps t’aidera Ă  ajuster. CrĂ©er, c’est toujours commencer avant de comprendre.
✹ PREM PRAGYAN : Je peux y mettre mon propre feu ?
BERGSON : Non seulement tu peux, mais tu dois. C’est ton mouvement qui lui donnera forme. Le monde n’attend pas des copies. Il attend des Ă©closions.

Le feu s’ouvre comme une respiration. Pas de message, pas de leçon. Seulement un battement. Henri Bergson se lùve, non pas pour partir, mais pour laisser place. À ton geste. À ton pas. À ton image.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « La carte blanche »
Personne : Henri Bergson

Prem Pragyan : Cette carte est blanche. Il n’y a rien Ă©crit. Je ne sais pas quoi faire.
Bergson : C’est normal. Cette carte est un dĂ©but. C’est Ă  toi d’inventer. D’y mettre ton propre feu.
Prem Pragyan : Et si je me trompe ?
Bergson : Tu peux toujours ajuster. Ce qui compte, c’est que ce soit vivant. Que ça vienne de toi.

Message de la carte :
C’est toi qui remplis la carte. Elle n’est pas vide : elle t’attend. Ose y Ă©crire ton Ă©lan. Pas ce que tu sais, mais ce que tu sens.


đŸ•Šïž TONI MORRISON (1931–2019)

Voix de la mĂ©moire – Geste digne, silence plein
Elle a donnĂ© une langue Ă  ceux qu’on n’écoutait pas. Elle a sculptĂ© la dignitĂ© dans le non-dit. Elle Ă©crivait pour celles et ceux que l’histoire voulait faire taire.

Le feu est bas. Il ne cherche pas à impressionner. Il garde. Toni Morrison arrive sans bruit. Elle ne s’impose pas. Elle attend. Elle sent. Elle reste debout, puis parle comme on raconte un souvenir : lentement, sans drame.

✹ PREM PRAGYAN : Cette carte dit qu’il est temps de partir. Mais sans bruit. Sans fermeture. Comme un geste qui s’en va.
MORRISON : Ce geste n’est pas une fuite. C’est un respect. Un honneur. Une sortie qui ne rĂ©clame ni cri, ni gloire.
✹ PREM PRAGYAN : Mais si on ne dit rien
 comment les autres sauront que c’est fini ?
MORRISON : Ils ne le sauront peut-ĂȘtre pas. Et c’est trĂšs bien. Ce que tu vis n’a pas besoin d’ĂȘtre expliquĂ©. Il a juste besoin d’ĂȘtre traversĂ©.

◇ Carte tirĂ©e : « Le geste qui s’en va »

Carte de seuil – Pas de fin, pas de retour. Une dĂ©prise douce. Une respiration.
✹ PREM PRAGYAN : Et si je ne veux pas partir ? Si je ne sais pas comment finir ?
MORRISON : Ne finis pas. DĂ©tache-toi. Laisse simplement ce qui Ă©tait... s’éloigner. Comme une marĂ©e. Sans devoir y poser des mots.
✹ PREM PRAGYAN : Et aprùs ?
MORRISON : AprĂšs, c’est le silence. Pas vide. Pas froid. Un silence plein de mĂ©moire, et de toi.

Le feu ne commente pas. Il accepte. Toni Morrison regarde une derniĂšre fois. Puis elle tourne les talons. Elle ne s’en va pas. Elle laisse place. Comme un souffle qui respecte tout ce qui a Ă©tĂ© vĂ©cu.


Comprendre simplement (FALC soutenu)

Carte : « Le geste qui s’en va »
Personne : Toni Morrison

Prem Pragyan : Cette carte me dit que je dois partir. Mais sans faire de bruit.
Morrison : Oui. Tu n’as pas besoin d’expliquer. Tu peux t’éloigner doucement. Ce n’est pas fuir. C’est respecter ton chemin.
Prem Pragyan : Et si je ne sais pas comment faire ?
Morrison : Tu n’as rien Ă  faire. Tu peux juste laisser partir ce qui doit partir. Tu peux garder en toi ce qui est prĂ©cieux.

Message de la carte :
Tu peux t’éloigner sans bruit. Sans fin claire. Tu peux juste respirer, respecter ce qui a Ă©tĂ©, et continuer doucement. Sans justification.


⟁ Fin du cinquiùme cercle

Il n’y a pas eu d’enseignement. Il y a eu des traversĂ©es.
Ce cercle ne demande pas d’y croire. Il propose de ressentir.
Ici, l’incarnation n’est pas spectaculaire. Elle est respirĂ©e.
Le prochain cercle — Volume 6 — osera le paradoxe. Il fera dialoguer des contraires. Des figures irrĂ©conciliables. Des tensions vives, et peut-ĂȘtre fĂ©condes.

đŸ”„ Les Entretiens de la Flamme – Volume 6

Au miroir du feu

Retour, reflet, relĂąchement

Cinq cercles ont traversé la nuit.
Ils ont dansĂ©, doutĂ©, rĂȘvĂ©, heurtĂ©, puis respirĂ©.

Le feu a tenu bon. Il a écouté, éclairé, questionné.
Et maintenant, il ne s’élĂšve plus.
Il luit encore. Une derniĂšre fois.
L’aube approche.
Le ciel change doucement.
Ce dernier cercle ne cherche pas Ă  conclure.
Il se reconnaĂźt.
Il regarde le jeu lui-mĂȘme,
puis celui qui l’a traversĂ© : Prem Pragyan.
Il ne reste plus qu’un souffle.
Deux cartes. Trois présences.
Et une lumiĂšre qui revient, sans bruit.

⟁ ScĂšne 1 – Le jeu lui-mĂȘme

L’aube approche. Le feu veille. Toutes les cartes ont Ă©tĂ© tirĂ©es. Ou presque. Une derniĂšre repose entre les doigts de Prem Pragyan.

LE FEU : Tu as traversé la nuit. Tu as douté avec finesse. Tu as ri, pleuré, réfléchi, aimé.
Mais dis-moi
 n’as-tu pas fini par croire au jeu lui-mĂȘme ?
✹ PREM PRAGYAN : Je l’ai construit pour me libĂ©rer. Et parfois, j’ai voulu qu’il me tienne.
Peut-ĂȘtre ai-je fait du doute un abri.
LE FEU : MĂȘme la critique peut devenir un rituel. MĂȘme la luciditĂ© peut se figer.
Pose la carte. Pas pour l’oublier. Pour qu’elle ne devienne pas une nouvelle vĂ©ritĂ©.

Prem pose la carte : « Le jeu lui-mĂȘme ». Le feu ne s’éteint pas. Il s’adoucit.

🟱 FALC

Le feu parle Ă  Prem. Il lui dit que mĂȘme le doute peut devenir une croyance.
Prem comprend. Il pose la carte. Il peut continuer sans s’accrocher.


⟁ Scùne 2 – Le croyant que je suis encore

Une voix intĂ©rieure s’élĂšve. Douce. Claire. Pas une certitude. Une trace.

LA VOIX : Tu as doutĂ© avec soin. Mais il reste une chose que tu n’as jamais pu lĂącher.
✹ PREM PRAGYAN : Je crois encore.
En la beautĂ©. En l’humain.
MĂȘme quand je n’y crois plus.
LA VOIX : Alors garde cette croyance.
Pas comme un dogme. Comme une flamme fragile.

Prem n’essaie plus de comprendre. Il accepte cette prĂ©sence en lui.
Elle ne cherche pas Ă  convaincre. Elle
tient.

🟱 FALC

Prem entend une voix en lui.
Elle lui dit : tu peux garder une petite foi, mĂȘme en doutant.
C’est humain. Et c’est assez.


⟁ Scùne 3 – Yogi Bhajan entre, dit, et repart

Le ciel devient bleu. Le feu se tient droit. Yogi Bhajan approche.
Il ne vient ni enseigner ni discuter. Il vient
bénir.

Il s’approche.
Pose une main ferme sur l’épaule de Prem.

YOGI BHAJAN :
“Tenez bon.”

Il ne reste pas. Il repart. Pas par distance. Par clarté.
Le feu baisse. Il
s’incline.

🟱 FALC

Yogi Bhajan arrive. Il pose sa main sur l’épaule de Prem.
Il dit : “Tenez bon.”
Puis il repart. C’est un geste simple et fort.


⟁ Scùne 4 – Osho danse autour du feu

Osho entre. Il sourit. Il danse. Pas pour enseigner.
Pas pour prouver. Il danse parce que c’est vivant.

Il tourne, glousse, improvise.
Il s’arrĂȘte, regarde Prem :

OSHO (en riant) :
“Si je te dis quelque chose
 tu vas encore vouloir l’écrire dans une carte.”

Et il disparaĂźt. Comme un enfant qui sait.
Le feu frémit. Et
rit un peu avec lui.

🟱 FALC

Osho arrive. Il danse et rit.
Il dit Ă  Prem :
“Si je parle, tu vas vouloir tout noter.”
Puis il s’en va. Libre.


⟁ Scùne 5 – Sharabi et les trois papillons

Sharabi entre. Humble. Silencieux. Il ne commente rien.
Il récite simplement ce poÚme ancien :

✎ Les Trois Papillons – RĂ»mĂź

Trois papillons s’approchent d’une chandelle.
Le premier dit : “Je sais ce qu’est l’amour.”
Le deuxiùme touche la flamme : “Je sais maintenant.”
Le troisiĂšme se jette dans la flamme.
Lui seul savait ce qu’est l’amour.

Sharabi s’incline. Et se retire.
Le feu ne parle plus. Il
garde le silence.

🟱 FALC

Sharabi ne donne pas de conseils.
Il lit un poĂšme.
Le papillon qui entre dans le feu

C’est lui qui comprend vraiment.


⟁ Clîture – L’aube est là

Toutes les cartes ont été tirées.
Le jeu est entier. Le cercle est revenu Ă  sa source.
Il ne reste plus rien Ă  comprendre.
Il reste Ă  vivre.

Osho a dansé.
Yogi Bhajan a dit : “Tenez bon.”
Sharabi a récité.
Le feu a parlé.


Le feu ne s’éteint pas. Il s’incline.
Le silence est là. Il n’explique rien.
Et c’est parfait ainsi.
PREM PRAGYAN