Tu as exploré vingt-sept cartes.
Certaines t’ont piqué, d’autres rassuré.
Certaines ont éclairé, d’autres ont flouté.
Et puis, il y a celle-ci.
Tu ne la trouveras pas dans le paquet.
Elle ne s’imprime pas.
Elle ne s’affiche pas dans le tirage.
Elle se retire.
Avec grâce.
Avec amour.
« Celle qui se retire » n’est pas une 28e carte.
Elle n’en rajoute pas une couche.
Elle s’écarte, pour laisser la place.
À toi. À ton souffle. À ce que tu ne nommes pas.
Elle ne vient pas clore.
Elle ouvre un espace où rien n’est requis.
Et pourtant, elle est là.
Comme un creux dans le bois.
Un silence entre deux notes.
Une pensée que l’on oublie d’écrire… mais qui réchauffe.
Cette carte est un geste intérieur.
Le geste de ne pas dire.
De ne pas tirer.
De ne pas conclure.
Elle te rappelle que :
Tout jeu a un bord.
Tout sens a une limite.
Tout feu, un retour au silence.
Pour celle ou celui qui n’attend plus de réponse.
Qui a déjà tout traversé.
Ou qui commence juste à comprendre…
qu’il n’y a peut-être rien à comprendre.
C’est une carte d’accueil du rien, du vide fécond, du "je ne sais pas — et c’est très doux".
Parce qu’elle est partout.
Et jamais là.
Elle n’est pas une destination, ni un outil.
Elle est ce qui reste quand on pose le tarot sur la table,
et qu’on regarde dehors…
sans plus penser à rien.
Un dernier regard
le jeu reste sur la table —
et je pars pieds nus.
Tu n’as plus besoin de carte.
Tu peux refermer la boîte.
Ou l’oublier quelque part.
Tu peux revenir.
Ou pas.
Cette carte ne te suivra pas.
Elle se retire.
Et dans son retrait,
elle t’accompagne encore.